" Monsieur Philippe de Lyon ":

Tarot Arlesquint,  Monsieur Philippe.

( Nizier Anthelme Philippe 1849-1905 )

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Beaucoup de page de " Le maître inconnu" doivent être lues entre les lignes. En effet, sous couleur de présenter Cagliostro, Marc Haven s'occupe d'un étrange personnage dont il avait épousé la fille, le guérisseur Philippe. Je ne parles ici que des hommes que j'ai connus. Il ne m'appartient donc pas de m'étendre sur le cas de "Monsieur Philippe", que je n'ai jamais vu, bien que j'aie été en relations avec lui dans des circonstances toutes particulières. Néanmoins cet homme très discuté aura eu, en société avec Papus, sur la politique européenne une influence trop considérable pour que sa figure n'exige pas qu'on s'arrête à la fixer un instant. Le petit paysan du Lyonnais, Philippe Nizier Vachod, qu'on appela "Monsieur Philippe", appartient à l'histoire secrète et le rôle qu'il y joua n'a pas été raconté avec exactitude. Il ne le sera peut-être jamais. Ce qui semble certain, c'est que si le gouvernement français et ses diplomates avaient été moins sots, s'ils avaient aidé Philippe au lieu de le persécuter stupidement, le dernier couple impérial de Russie ne fût pas tombé au pouvoir de Raspoutine, et l'inévitable révolution bolcheviste eût été retardée.

Qu'était donc ce Philippe? Un grand thaumaturge, un saint, disent quelques-uns, un vulgaire charlatan, répond le monde officiel. Mais le monde officiel ne comprend rien à ce qui dépasse le niveau moyen, à ce qui n'entre pas dans le cadre étroit de sa croyance rationaliste. Au vrai, Philippe semble avoir été un excellent homme, d'un esprit fort ordinaire, mais doué d'authentiques pouvoirs de guérisseur et de visionnaire. Sans doute, il fût resté toute sa vie dans sa maison de l'Arbresle, auprès de Lyon, envahie par l'affluence des malades si le remuant Papus ne l'avait précipité dans l'aventure politique. Papus avait épousé une dame T., originaire de l'Arbresle et disciple enthousiaste de son compagnon Philippe. Papus, esprit méridional en perpétuelle effervescence, inclinait, à cette période de sa vie, vers une sorte de mysticisme christique. Il crut trouver en Philippe un maître, tel que l'avait déjà salué son ami Marc Haven, esprit pourtant sévère et pondéré. Bientôt Papus ne jura plus que par Philippe.

D'autre part, il était depuis plusieurs années en relations avec certains membres de la famille impériale russe. Pendant son séjour à Saint-Pétersbourg, de 1802 à 1816, Joseph de Maistre y avait créé un Centre Martiniste dont l'influence s'exerçait encore un siècle plus tard. ( Remarquaons en passant la naïveté avec laquelle Sainte-Beuve croit découvrir que les clairvoyantes Considérations sur la révolution française de Joseph de Maistre ont été précédées par les sûr aperçus de Louis-Claude de Saint-Martin ). C'est le grand duc Nicolas, affilié au Martinisme, qui présenta en 1900 Papus à sonneveu Nicolas II. Le dernier tsar des russies fut aussi, comme son aïeul Alexandre Ier, initié au Martinisme. D'aucuns savent que là est une des raisons qui le maintinrent fidèle à l'alliance française, en dépit des pressions exercées sur lui pour l'en détacher. Martinistes aussi étaient, en 1914, la plupart des princes balkaniques. Les gouvernants français, complètement ignorants des fraternités initiatiques, ne surent pas profiter de cet avantage. Pourtant, nombre d'entre eux étaient affiliés à des Loges, sortes de sentines électorales, n'ayant de maçonnique que le nom.

Papus introduisit auprès du couple impérial russe celui qu'il considérait alors comme son maître, "Monsieur Philippe". Immédiatement celui-ci prit sur Nicolas II et son épouse un ascendant extraordinaire. Rien n'éatit décidé dans la politique russe sans l'assentiment de Philippe. On a raconté de différents côtés qu'il avait obtenu cette toute-puissante influence en fascinant le tsar et la tsarine par des pratiques de nécromancie, voire du plus vulgaire spiritisme. Ce sont là pures sottises propagées par des "profanes". Une simple anecdote montrera l'énormité du pouvoir de Philippe sur les souverains. Une dame de la cour impériale ayant dit, toute joyeuse, à la tsarine: "J'ai vu Monsieur Philippe", l'impératrice répondit: "On ne voit pas Monsieur Philippe, c'est un esprit!". Les efforts conjugués de l'église russe, de la cour et de la diplomatie française finirent par obtenir le revoi de Philippe. Le couple impérial s'y résigna bien à contre coeur. ::

Mais il y avait déjà quelque part dans l'ombre, un personnage qui guettait l'heure de prendre la place de Philippe à la cour de Saint-Pétersbourg: le sinistre staretz Raspoutine. Entre Papus et Raspoutine, une lutte sourde se poursuivit. A plusieurs reprises, Papus avait essayé de démasquer le malfaiteur aux yeux du couple impérial. "C'est, disait Papus, un vase pareil à la boite de Pandore et qui renferme tous les vices, tous les crimes du peuple russe. Que ce vase vienne à se briser, et l'on verra son effroyable contenu se répandre aussitôt sur laRussie". De son côté, raspoutine ne manquait pas de verser des torrents d'injures et de calomnies sur Papus et sur Philippe. Mieux avisés que les gouvernants français, les Allemands s'empressèrent de faire de Raspoutine leur instrument. Rentrè en France, Philippe resta jusqu'à sa fin, en 1905, en communication avec la cour de Russie. Parce qu'il avait été appelé à donner des soins à Guillaume II, la police française le suspectait, bien à tort, d'ailleurs. mais Philippe et Papus s'étaient attirés la haine d'un dangereux mouchard, le général Ratchowsky, chef de la police russe en France. Ici, il faut saluer le courage du combattif Papus. Il écrivit, dix ans avant la guerre, sous un pseudonyme et en collaboration avec Jean Carrère, dans un grand journal parisien, une série d'article dans lequels il révéla les intrigues qui se tramaient déjà à la cour contre Nicolas II et l'impératrice. Il osa y dénoncer les ténèbreuses menées de Ratchkowsky et de l'Okhrana de Paris.

Ainsi risquait-il de devenir victime de quelque accident mortel comme il en advient à ceux qui gênent de puissants personnages. La victoire resta à Philippe et à Papus. L'intervention de leur ami, le grand duc Nicolas, oncle du tsar, amena la disgrâce du redoutable mouchard. Cependant les attaques de Papus contre le policier avaient eu un résultat inattendu. Croyant détourner la menace dont il comprenait la portée, Ratchkowsky avait cherché à se rendre indispensable. Il prétendit avoir découvert un document qui fit grand bruit: les protocoles des sages de Sion, dans lesquels les dirigeants du judaïsme exposaient un plan de destruction du monde chrétien. Il avait fait fabriquer ce faux qui, tout simplement, démarquait un pamphlet écrit contre Napoléon III par un journaliste français, Maurice Joly. Entre temps, la campagne de presse entreprise par Papus avait rendu inopérante une manoeuvre fort habile de la diplomatie allemande. Les révélations d'un ancien chef de l'Okhrana, le général Kourlof, postérieures à la révolution russe, ont raconté la fin mystérieuse de ratchkowsky, en 1910.

On a dit d'autre part que la mort de Philippe, en 1905, avait peut être des causes politiques. Rien ne permet de le croire. o.c pages 100 à 104.

Que dire de plus?

Nous pourrions continuer longtemps à débattre au sujet des personnages d'exceptions qui ont marqués leur époque et qui continuent encore aujourd'hui à avoir une influence sur des esprits aussi divers que les cinéastes, créateurs en tout genres, poètes, ésotéristes, hommes politiques etc. Ainsi comme nous venons de le voir, le début de l'occultisme a eut beaucoup de succès auprès d'un très grands nombres d'individus; tous ayant baignés plus ou moins, de près ou de loin dans le courant de l'hermétisme et de son représentant universel le plus direct: "Le Tarot". Antoine Court de Gebelin ayant été son génial "précurseur" et le pilier central à tout l'édifice où tous sans exception viendront s'abreuver de cette source inépuisable. Laissant aujourd'hui encore la possibilité à chacun de trouver sa propre voie par l'unique à travers Thot, scribe des dieux et magicien de l'universel. Chacun selon son niveau de conscience et le rithme qui lui est propre dans les trois temps, passé, présent, futur. Mais comme le temps n'existe pas ou du moins- selon notre conception purement humaine- puisqu'il nous échappe...nul ne sert donc d'être pressé! Mieux vaut donc s'y intéresser au plus tôt si notre objectif est bien entendu d'être heureux et pour qu'un jour nous puissions tous ensemble trouver le bonheur. Bon courage à toutes et à tous. H.A.S

De nouveau:"Demande et il te sera donné, frappe et l'on t'ouvrira".

LE SILENCE

Tu n'auras pas d'autre demeure que ton coeur;

Car sur la terre, où nous sommes des voyageurs,

Nul ne bâtira sa demeure permanente:

Tu n'auras pas d'autres demeure que ton coeur.

Alors, autour de lui, dans l'atmosphère ardente,

Qui naît de lui, qui l'enveloppe et qui aspire

Tous les rayons venus des choses qu'il désire,

Evoque le silence et le divin silence;

La forme que revêt la première hypostase,

Obéissant à qui l'espère avec puissance,

T'emportera sur les quatres ailes de l'extase.

La vie intérieure est faite de silence.

Elle est le palais dont le silence est la base.

Elle est la fleur de feu: le silence est le vase,

Le silence est le vase où tu bois la beauté.

Toi qui passe ici, certain, mais balloté

Entre ta vie réelle et ta vie apparente,

Ta vie réelle, ténébreuse et véhémente

Comme la passion, le tonnerre et la mort,

Couvre d'un voile d'ombre et de nuit le trésor

De cette vie intérieure, que mesure

Entre tes âmes la meilleure et la plus pure,

Afin que rien n'attente à son mystère intense,

Et que sa force vierge, intégrale, s'emploie

A dresser le métier où les mains du silence

Tâcheront à tisser l'étoffe de ta joie.

O.c : Victor-Emile Michelet. La voie N° 36-Mai 1907.

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