"Ma rencontre avec le Dalaï-Lama a changé ma vie"- (Richard Gere).

Témoignage1:

Au delà de sa pratique Bouddhique, Richard Gere est engagé aux côté du Dalaï-Lama pour plaider la cause du Tibet. Il insiste sur la nécessité d'un changement de conscience planétaire. La Méditation, selon l'acteur américain, est un excellent moyen pour y parvenir. (Article parut dans la revue "Bouddhisme Actualités" N°47 Septembre 2003 page 08.)

© DR. Richard Gere à New-Delhi expliquant que sa fondation qui, pendant des années, avait fourni l'aide aux comunautés tibétaines dans l'exil, installait un fonds spécial pour fournir le soin médical pour les moines tibétains dans le besoin.

Propos recueillis par Melvin Mc Leod. Traduction: méditationfrance.com

Quand a eu lieu votre première rencontre avec le bouddhisme?

J'étais passionné par la philosophie. En fait, je suis arrivé au bouddhisme par les philosophes occidentaux, surtout avec le philosophe et cardinal Berkeley. "Si un arbre tombe dans la forêt et que personne ne l'entend, alors, est-ce que cela a vraiment eu lieu?" Oui. L'idéalisme subjectif était sa thèse fondée sur l'importance du mental et de notre perception des choses. Il était vraiment radical pour un homme d'église. Il m'a vraiment accroché. Les existentialistes m'intéressaient aussi beaucoup. J'étais attiré par leur thèse sur le néant sans savoir à l'époque que ce mot n'était pas approprié. En fait, c'est le vide qu'ils recherchaient, cette notion d'espace intérieur. J'avais une vingtaine d'années lorsque j'ai découvert l'enseignement bouddhiste. Je pense que, comme la plupart des hommes, je n'étais pas heureux. J'avais des questions existentielles. Je passais mes soirées à lire et à chercher à comprendre un peu plus le sens de la vie. Le livre d'Evans-Wentz sur le Bouddhisme tibétain m'a beaucoup influencé.

Qu'avez-vous trouvé d'intéressant, d'attirant, dans ces ouvrages sur le bouddhisme?

Ce sont de bons romans dans lequels vous plongez facilement et, en même temps, ils vous transmettent un message, une vision, à savoir qu'il est possible de vivre dans le présent, dans l'ici et maintenant, et de vivre libre intérieurement. Ces ouvrages sur le bouddhisme m'intéressaient particulièrement mais j'ai surtout commencé mon chemein avec un maître zen. Mon premier enseignant était Sasaki Roshi. Avec lui, j'ai eu une expéreince magique, une expérience intérieure. J'ai alors compris que cela fonctionnait, que tout cela était un vrai travail sur soi. On n'est pas là pour voler dans les airs, ce n'est pas de la romance. C'est un travail sérieux sur votre mental. Cela a été un moment très important dans ma vie. Sasaki Roshi était incroyablement dur et adorable en même temps. J'étais un néophyte et je n'y connaissais rien. J'étais plutôt insécure et mal dans ma peau. Mais malgrès tout cela, j'avais une réelle volonté d'apprendre. Souvent j'allais m'asseoir près de lui et il me disait qu'il n'y avait rien à dire: tout est blablabla...Il n'y a que le vide...Je le regardais alors en souriant. Quand une personne a une telle connexion, les bouddhistes disent que celà vient des vies passées, du Karma. ::

Quand avez-vous rencontré le Dalaï-Lama pour la première fois?

Je suis resté étudiant zen au moins cinq ou six ans avant de la rencontrer en Inde. Nous parlions puis il me dit: "Oh! Vous êtes un acteur? Il réfléchit un instant et me demanda: "Quand vous jouez un role où il faut être en colère, êtes-vous vraiment en colère? Ou quand vous êtes triste, êtes vous vraiment triste? Ou quand, vous pleurez, pleurez-vous vraiment?" Je lui ai donné une réponse d'acteur, à savoir que si vous y croyez, l'émotion, est plus réelle. Il regarda alors profondément dans mes yeux et commença à rire. Il riait au fait que je pouvais croire que les émotions seraient réelles, que je pouvais travailler dur pour être vraiment dans la colère, la tristesse ou les pleurs. Cette première rencontre eu lieu à Dharamsala dans une salle où je le vois maintenant souvent. Je ne peux pas dire que mon attitude a vraiment changé. Je suis toujours aussi nerveux quand je vais le voir et je projette tout un tas de chose sur lui. Maintenant, il y est habitué. Il m'expose rapidement, me montre des choses et celà avec compassion. Tout le monde veut le voir pour qu'il enlève la souffrance de leur conscience. Ma première rencontre avec sa Sainteté a complètement changé ma vie. Aucun doute! Je n'ai pas du tout eu pour autant l'idée: "Je donne toutes mes possessions et j'entre au monastère." Non, je savais que le travail se ferait à l'intérieur de moi-même...

Lorsque vous venez à Dharamsala, avez-vous l'occasion de suivre un enseignement du Dalaï-Lama ou d'autres moines?

J'essaie de rencontrer tous mes enseignants. Certains descendent des montagnes pour me voir. Quelquefois sa Sainteté donne aussi des enseignements. J'essaie alors d'absorber le plus possible et de me les rappeler. La vie moderne en Occident, est une telle distraction que d'être là-bas est une belle occasion pour se rappeler ce qu'est notre mission, pourquoi nous sommes là.

Cela ne vous perturbe-t-il pas d'être partagé entre ces deux modes d'existence?

Non, je suis de plus en plus occupé par ma carrière et si je ne partais pas loin du monde moderne de temps en temps, je ne pourrais alors pas faire face à moi-même et à mes côtés sombres. Je ne les verrais même pas. Je ne suis pas si fort, si brillant. J'ai besoin que la vie me montre mon mental, mes conditionnements ou mes schémas inconscients.

Etes-vous à l'aise avec le fait d'être le porte-parole du Dharma?

Du Dharma? Je n'en ai jamais été le porte-parole et je ne le serai jamais. Il me manque pour cela des qualités essentielles. Mais on me pose toujours des questions sur le fait que je sois Bouddhiste. Je peux simplement en parler à partir de mon expérience, aussi limitée qu'elle soit. Bien que j'aie commencé il y a déjà longtemps, je ne peux pas dire que je maîtrise tout cela. Je ne peux pas dire que j'ai un contrôle sur mes émotions. Je ne connais pas mon mental et toutes les expériences intérieures. Je suis perdu comme un peu tout le monde. Quand je parle de spiritualité, je parle de ce que mes enseignants ont dit. Rien ne vient directement de moi.

Vous semble-t-il que certains thèmes du bouddhisme comme la compassion peuvent nous aider?

Absolument. Découvrir le fonctionnement du mental et découvrir l'espace du coeur sont inséparables. Cela me rappelle une réponse du Dalaï-Lama. Un jour, une personne lui demanda: comment apprendre à un enfant le respect et l'amour pour les êtres vivants? Il répondit: "regardez si vous pouvez déjà faire en sorte qu'il aime et prenne soi de l'insecte car c'est souvent quelque chose qui nous répulse. S'il comprend ce que l'insecte est avec un profond respect et avec de la compassion pour toutes formes de vie...alors, c'est déjà une grande étape."

Bien que vous ne soyez pas le porte-parole du bouddhisme, vous défendez souvent la cause du Tibet...

J'ai traversé différentes émotions à ce sujet. La colère n'est pas la même aujourd'hui que celle d'il y a vingt ans. Les Chinois sont en train de se créer des vies futures entachées d'horreur. Nous devons avoir de la compassion pour eux, pour ce qui les attend. Quand je parle à des Tibétains qui ont étés isolés et contrôlés depuis vingt-cinq ans, ils me disent, en parlant du coeur, que la question est beaucoup plus large que la souffrance qu'ils ont endurée. Ils disent qu'ils ont de la pitié et de la compassion pour celui qui agit à partir de sa nature animale. Vous voyez la sagesse, le coeur de ce peuple. Après avoir été en contact avec eux, vous ne pouvez redevenir le même...

Les déclarations du Dalaï-Lama rejoignent celles de Chogyam Troungpa sur la nécessité d'une spiritualité universelle fondée sur des vérités simples concernant la nature humaine qui transcende toutes les religions organisées. Cela me semble un important message...

Sa sainteté dit que que toutes les religions, dans leur essence, ont en commun la compassion, l'amour. Nous allons tous vers l'amour. Et même ceux qui ne pratiquent aucunes religion. Ils ont quand même la religion de la bonté. Tout le monde répond positivement à la compassion. C'est fascinant de voir un grand chef religieux prôner une religion de la non-religion. C'est ce qui le rend plus grand que le Tibet, plus grand que le bouddhisme; beaucoup plus grand. Le Bouddha était aussi au-delà du Bouddhisme...

Témoignage2-Reportage: "Nouvelles Croyances..."

© France3 (Durée 40 minutes environ)

:: Temple Tibétain de Montpellier.

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